.jpg?itok=Nmv_UwT9)
Depuis l’identification du premier cas de Mpox à Bimbo, à une vingtaine de kilomètres de Bangui, la République Centrafricaine (RCA) a été confrontée à une épidémie urbaine inédite... La réponse rapide et coordonnée des partenaires locaux et internationaux, notamment Oxfam, APSUD pour la localité de Bimbo, et Ephata à Bangassou, avec le soutien du Centre des opérations et des urgences en santé publique (COUSP) via le ministère de la Santé, a permis de réduire la propagation et de renforcer la résilience des communautés face à cette crise sanitaire qui perdure.
"Une réponse multisectorielle à l’épidémie de mpox à Bimbo, un effort concerté avec Oxfam et APSUD"
Depuis l’identification du premier cas de Mpox à Bimbo, à une vingtaine de kilomètres de Bangui, la République Centrafricaine (RCA) a été confrontée à une épidémie urbaine inédite... La réponse rapide et coordonnée des partenaires locaux et internationaux, notamment Oxfam, APSUD pour la localité de Bimbo, et Ephata à Bangassou, avec le soutien du Centre des opérations et des urgences en santé publique (COUSP) via le ministère de la Santé, a permis de réduire la propagation et de renforcer la résilience des communautés face à cette crise sanitaire qui perdure.
Déploiement et stratégies de riposte à Bimbo
Dès la déclaration officielle du 20 juillet 2024, Oxfam s’est mobilisée en déployant des dispositifs tout au long du fleuve Oubangui et à Bimbo au niveau des différents points d’entrée et y compris au niveau de l’aéroport. Avec l’appui de techniciens en santé communautaire locaux, une équipe a été mise en place pour assurer la surveillance, la recherche active de cas et de contacts, ainsi que la gestion des laboratoires. Aussi, les tradipraticiens et les travailleurs de sexe ont fortement été impliqués dans la stratégie de réponse. Justin Kopet, point focal de la surveillance épidémiologique au district sanitaire de Bimbo, fait le point : « Depuis 2023, nous avons identifié deux cas dans le village Maka, puis deux autres en 2024 au village Yombo, ainsi que quatre cas dans les localités environnantes. Au total, le district a enregistré 8 cas positifs et 61 cas suspects. »
[Photo d'une réunion de présentation du plan de travail d’Oxfam aux ONG impliquées dans la prévention de la MPOx, en collaboration avec le ministère de la Santé, qui s'est tenue dans la salle du Centre des Opérations d’Urgence en Santé Publique (COUSP).]
La localité de Bimbo, frontalière avec la RDC, possède six points d’entrée, mais malheureusement, une seule de ces voies est fonctionnelle, ce qui complique la lutte contre la propagation de l’épidémie. « Les efforts de prévention ont été confrontés à des difficultés au début, notamment pour faire comprendre aux communautés l’importance de respecter les gestes barrières afin d’éviter la transmission », a expliqué Justin Kopet, point focal de la surveillance épidémiologique au district sanitaire de Bimbo.
Le vécu difficile de Mabele Seda Pele face à la mpox
À Yombo, à 25 km de Bimbo, une famille victime de l’épidémie a vécu une expérience marquante. Mabele Seda Pele, mère de sept enfants, a contracté la maladie après sa fille de 8 ans qui été gravement malade. Son mari, Endjilou Seda, témoigne : « J’étais au champ pendant cinq jours, car je suis pêcheur. Deux membres de ma famille sont venus m’informer que ma fille était gravement malade, Inquiet, je suis sorti pour chercher des médicaments et la soigner. »
Cependant, quelques jours après la maladie de sa fille, la mère, Mabele Seda Pele, ressentait des symptômes d’angine et de fièvre. Les agents de santé sont aussitôt intervenus avec la vaccination contre la mpox, et ils ont confirmé qu’elle était atteinte. Elle a été transférée à Bimbo pour des soins, puis à l’hôpital général de Bangui, où elle a été prise en charge dans un service dédié à la mpox. Son mari l’a accompagnée pendant six mois, dans un contexte difficile où seuls les médecins et lui avaient le droit de la toucher. « C’était une période très difficile, j’avais l’impression d’être aussi malade à sa place. Elle était couverte de boutons, ne parlait plus, et avait du mal à manger. Tout ce que je voulais, c’était qu’elle guérisse » raconte-t-il.
[Photo de Endjilou Seda, le mari de Mabele Seda Pele, femme qui a contracté la maladie de Mpox.]
Après six mois de soins intensifs, Mabele Seda Pele a pu rentrer chez elle. Aujourd’hui, elle et sa famille ne sont plus stigmatisés par les voisins qui l’empêchaient de sortir de la maison et la communauté leur témoigne désormais du respect. « Aujourd’hui, notre vie a changé grâce aux conseils reçus, ainsi qu’avec le respect des geste barrières. » Quelques mois plus tard, Oxfam et son partenaire APSUD leur a donné des kits d’hygiène et une aide financière en cash pour subvenir à leurs besoins quotidiens. « Nous sommes quatre dans ma famille, ma a été touché par l’épidémie : moi et mes deux autres enfants, sommes des personnes contacts. Nous avons reçu chacun 130 000 CFA, ainsi que des seaux, du savon, des gourdes, et des produits pour l’hygiène. Avec cet appui, nous avons pu reconstituer nos stocks alimentaires (haricot, manioc…) et relancer nos activités avec l’achat des cochons à élever, cultiver du manioc, des haricots et d’autres légumes. Cela nous a vraiment soulagés », confie Endjilou Seda.
Les défis rencontrés
Selon le Dr Jean Methode Moyen, Coordonnateur du COUSP en RCA, cette épidémie est désormais sous contrôle sur l’ensemble du territoire, grâce notamment au travail acharné des différents partenaires humanitaires dans le pays et d’Oxfam a été un acteur clé à Bimbo et Bangassou. Cependant, des défis importants subsistent. « Depuis juillet 2024, sur 35 districts sanitaires, 17 ont enregistré des cas, avec 800 cas suspects, 100 cas confirmés, 450 contacts suivis, et malheureusement 3 décès », précise-t-il. La difficulté réside notamment dans la détection précoce des cas, en raison du manque de structures d’isolement dans certaines localités, ainsi que dans la coordination des efforts de prévention et de prise en charge.
La sensibilisation reste un enjeu majeur, car elle n’a pas encore touché toute la population, notamment les populations autochtones, les travailleurs et travailleuses du sexe, les personnes qui chassent et vendent le gibier. Malgré cela, la participation active de certains acteurs clés, comme les tradipraticiens, a permis d’intégrer des stratégies de prévention adaptées. « Je suis satisfait du rôle central joué par Oxfam dans cette lutte contre la mpox. Leur travail sur le terrain, leur engagement communautaire et leur capacité à renforcer les capacités locales sont essentiels pour faire face aux défis futurs », ajoute Dr Moyen.
En mars 2025, un seul cas confirmé a été enregistré à Bangui 3, et le COUSP continue de suivre la situation de près, en utilisant une approche communautaire pour limiter la transmission.