Boybona Hélène, vice-présidente de l'Organisation de Femmes Centrafricaine OFCA à Batangafo, dans l'Ouham Fafa, quand les femmes se lèvent tout change/ @Reine Fabienne Ndotiga Oxfam RCA
Centrafrique : Un Nouveau Souffle pour les Femmes de Batangafo
Je suis Madame Boybona Hélène, vice-présidente de l'Organisation de Femmes Centrafricaine OFCA à Batangafo, dans l'Ouham Fafa. À 62 ans, je me tiens aujourd'hui devant vous, le cœur rempli d'espoir et de gratitude, pour partager l'impact transformateur du travail réalisé par Oxfam et l'Association des Femmes Évangéliques de Bossangoua (AFEB). Après la crise qui a durement frappé notre pays, la vie à Batangafo était devenue un véritable défi. Les violences, tant physiques que psychologiques, avaient atteint des sommets alarmants.
Les mariages précoces se multiplient, les violences conjugales et domestiques sont devenues monnaie courante, et nous, les femmes, furent les premières à en souffrir. Plus qu'une oppression physique, c'était aussi un déni de nos droits et de nos ressources. "Nous étions piégées, réduites au silence, sans savoir comment nous défendre."
Dans ce contexte sombre, la formation initiée dans le cadre du projet ASDI « Améliorer les conditions de vie, les moyens de production et sécuritaire, accès aux services EHA et renforcer les mécanismes de protection de population les plus vulnérables dans Batangafo et Bria en RCA » est arrivée comme une lueur d'espoir, apportant un soulagement bienvenu à notre souffrance en tant que femmes et filles. Cette formation sur les violences basées sur le genre (VBG) a été une véritable révélation, brisant les chaînes de l'ignorance et nous ouvrant les yeux sur des réalités que nous avions toujours considérées comme "normales".
Nous avons appris à identifier les différentes formes de violence qui nous entourent et à comprendre les conséquences sur nos vies. Ce que nous avions toujours cru être des habitudes de vie, le silence face aux injustices, la soumission aveugle, l'acceptation des violences n'étaient en réalité que des violations flagrantes de nos droits.
Armées de ces connaissances, nous avons parcouru les quartiers de Batangafo, parlé aux familles, expliqué aux hommes, aux femmes et aux jeunes que ce qui semblait banal était en fait une atteinte à la dignité humaine. Et peu à peu, un changement a commencé à naître.
Nous avons également découvert nos droits en tant que femmes. Auparavant, nous pensions que certains travaux étaient réservés aux hommes. Aujourd'hui, nous savons que nous avons notre place et que nous devons collaborer avec eux pour revendiquer nos droits. Le 8 mars, qui était pour nous une simple fête, est devenu un symbole de notre lutte pour l'émancipation et le bien-être des femmes. "Grâce à l'appui matériel et humain d'Oxfam, notre travail de sensibilisation a porté ses fruits. Je suis fière de constater que le taux de violences basées sur le genre a nettement diminué. Dans les hôpitaux, les hommes accompagnent désormais leurs enfants pour des soins, et dans nos quartiers, il n'est plus rare de voir des hommes balayer devant leur maison."
Ce changement de mentalité est un signe indéniable de progrès.
En matière d'éducation, la situation s'est également améliorée. Autrefois, les filles étaient souvent laissées de côté, mais grâce à nos efforts de sensibilisation, de nombreux parents ont désormais inscrit leurs filles à l'école. Et quelle fierté de voir qu'une fille est devenue la première de sa classe au Brevet de collège ! Cela prouve que les filles sont tout aussi capables que les garçons.
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à Oxfam et à l'AFEB, ainsi qu'à l'appui financier de ASDI, pour nous avoir aidées à sortir de l'ombre. Ensemble, nous avons amorcé un changement significatif, et je suis convaincue que notre lutte pour l'égalité et le respect des droits des femmes ne fait que commencer.