Dynamiques de violence et mécanismes de protection des civils dans l’Ouham-Pendé

Illustration rapport - Violences et protection dans l'Ouham-Pendé
Auteur-e(s): 
Alexandre YAKIZI OUAMBETI, Consultant National
Date de publication: 
Jeudi 01 décembre 2016

La République centrafricaine peine toujours à retrouver la voie de sa pacification, malgré l’ordre constitutionnel recouvré à travers des élections saluées par-delà le monde. Même si l’organisation quelque peu précipitée des élections aura, tout de même, caché un sérieux malaise des acteurs tant nationaux qu’internationaux par rapport à la mission de la transition qui était de répondre à l’impératif du désarmement des groupes armés, de trouver une solution au problème des « étrangers »1 mercenaires n’ayant aucun lien sociologique et qui s’adonnent à de violences inouïes pour acquérir droit de terre, de réaffirmer l’appartenance des musulmans centrafricains à la nation2 et de sécuriser le pays. L’effort d’un retour à la souveraineté nationale a généré un climat de confiance pour un temps.

Nonobstant une tendance nationale à l’amélioration, la situation sécuritaire reste très variée sur le territoire, avec plusieurs poches d’insécurité localisées, traduisant les dynamiques de pression adoptées par les groupes armés. L’accès humanitaire reste très compliqué dans plusieurs zones du pays et l’on continue d’enregistrer des mouvements de populations déplacées. Pendant qu’à Bria et Bambari FPCR coalisé avec RPRC et Anti-Balaka s’affrontent avec l’UPC constitué unique des Peulhs3, le nord-ouest, notamment à Bocaranga, Koui, Makounzi-Wali, De Gaulle, les éléments d général SIDIKI s’en prennent violemment à la population qu’ils traitent de complice des Anti-Balaka, causant de nombreux déplacement4. A Paoua et ses environs, un conflit communautaire entre RJ (pro-Kaba) et Patriote (pro-Tali) a pris une autre ampleur avec l’arrivée des combattants du MPC dans la région et expose les populations à de sévères exactions. La présente étude est une tentative de compréhension des dynamiques de violence dans la région de l’Ouham Pendé, et des mécanismes jusqu’ici adoptés pour la protection des civils face à cette montée de violence.


Cette situation de remontée brusque de la violence ouvre un débat sur l’interprétation des racines du mal. Il y a comme une obligation herméneutique de remonter le contexte historique, politique, social et sociologique, voire communautaire qui a dynamisé la violence que de rester sur une simple interprétation religieuse et stérile amplifiée par les sensations médiatiques d’un moment5.


Les autorités du pays ont multiplié les rencontres avec les groupes armés pour trouver un angle commun sur lequel aborder le processus du DDRR, mais les populations attendent toujours que des mesures, même provisoires, soient prisent pour mettre fin aux nombreuses exactions des combattants armés, surtout en ce qui concerne la région de l’Ouham Pendé. C’est précisément là que les efforts stratégiques et structurels ont péché de ne pas se faire accompagner de mesures concrètes de dissuasion.


Du côté de la MINUSCA, l’imbroglio dans l’interprétation de sa mission et de son rôle aux côté des autorités centrafricaines, malgré une nouvelle résolution N°2301 du 26 juillet 2016 qui est venu renforcer son mandat initial, ne facilite surtout pas la protection des civils excédés par la violence qui ont perdu toute confiance à la mission, en témoigne les marches de protestation organisées le 24 octobre 2016.


Les récentes remontés de violence viennent hélas démontrer que le problème centrafricain n’a été abordé que de manière superficielle et qu’une telle simplification constitue un terreau de futurs conflits.