Les communautés revendiquent leurs droits à Paoua

Mardi 21 mai 2019
7 mai 2019 - Les membres du comité local de paix de Bémal rédigent une lettre de plaidoyer dans le cadre d'une formation Oxfam, dans le nord de la RCA. © Aurélie Godet/Oxfam

Paoua (le 21 mai 2019) – A Paoua et dans les villages environnants du nord de la République centrafricaine (RCA), les populations ont des revendications. Et elles comptent bien faire entendre leur voix.


Du 7 au 9 mai, c’est à travers les quatre Comités locaux de paix (CLP) de Paoua-centre, Bétoko, Bémal et Bédaya que les communautés ont décidé de passer à l’action. Soutenues par Oxfam, elles ont listé leurs besoins prioritaires. Puis, elles ont chacune rédigé des lettres de plaidoyer, qui seront envoyées aux autorités compétentes par Oxfam.


Au total, dix-huit lettres seront transmises à des ONG, des ministères ou des institutions bancaires. Les demandes sont variées, mais certaines reviennent à plusieurs reprises : il faut construire et réhabiliter des puits, des écoles, des marchés et des cliniques, dans cette région qui peine à se remettre debout après avoir été le théâtre d’un regain de violence début 2018.


Les CLP réclament aussi des sensibilisations envers les populations et les éleveurs peuls, dont la cohabitation s’avère complexe lors des périodes de transhumance.


« Nous avons formé 47 personnes au plaidoyer. Les CLP doivent prendre conscience qu’ils peuvent eux-mêmes déterminer leur avenir, et celui de leur communauté ! », indique Monges Samba, formateur des CLP et assistant plaidoyer et communication d’Oxfam en RCA.


Afin d’instaurer une paix durable dans le pays, le gouvernement centrafricain a créé 20 CLP sur la totalité du territoire depuis 2016. Un grand nombre de CLP a aussi éclos avec l’aide des ONG, dans ce même but de faciliter le dialogue et d’atténuer les violences. A l’échelle de Paoua, il en existe treize, dont celle de Paoua-centre créée par l’Etat.


« Les CLP sont un outil essentiel pour le développement du pays. Ils doivent donc être soutenus à travers l’appui des ONG et l’apport financier des bailleurs de fonds », ajoute Monges Samba.


Ce volet de formation plaidoyer s’inscrit dans un projet plus large d’appui à la récupération des moyens de subsistance et de promotion de la cohésion sociale mis en place à Paoua et ses environs par Oxfam, et financé par le Fonds Humanitaire.

« Depuis quelques mois, de nombreux déplacés viennent trouver refuge dans notre village. Aujourd’hui, notre population a doublé. Nous n’avons pas assez de points d’eau, de médicaments, et nous manquons de place dans notre école et notre marché. Il faut d’urgence augmenter les capacités d’accueil de Bétoko ! », Philomène DOUTOUMBAYE, Présidente du CLP « Sangara » de Bétoko et Maire de la ville de Bétoko.

« Beaucoup de jeunes bandits volent les boeufs des éleveurs peuls, qui ensuite s’en prennent à notre communauté. L’insécurité est très forte pendant la période de transhumance. Il faut que cela cesse ! Nous voulons plus de dialogue et de paix. », Benoît BEDOUMDE, Président du CLP « Minga » de Bémal et directeur de l’école de Bémal.

« A Bédaya, nous n’avons que trois points d’eau pour 5 000 personnes. Pour éviter de longues heures d’attente durant lesquelles des bagarres peuvent éclater, certains préfèrent partir chercher de l’eau en brousse. Mais nous avons très peur pour notre sécurité. Surtout les femmes, qui peuvent subir des violences sexuelles sur la route. Il nous faut des puits ! », Brad BETOUROU NGAOUNDANE, Président du CLP « Tolmbaï » de Bédaya et Conseiller municipal de Bah-Bessar.

« Nous avons déjà connu quelques succès, surtout en matière de sensibilisation des couples. Notre ambition est de couvrir toute la sous-préfecture de Paoua en créant des sous-comités ! Pour y arriver, nous avons besoin de fonds. Malheureusement aujourd’hui, nous n’avons même pas de local où nous retrouver. », Sylvie ARODA MBOKO, chargée de la finance et la logistique du CLP « Djasna » de Paoua-centre.

Oxfam est une confédération internationale de 19 organisations intervenant dans plus de 90 pays dans le monde, avec un double mandat humanitaire et développement. Elle oeuvre dans le but de construire un avenir libéré de l’injustice qu’est la pauvreté. Présente en Centrafrique depuis janvier 2014, elle intervient dans les domaines WASH (eau, assainissement et hygiène), FSL (sécurité alimentaire et moyens d’existence) et protection. Elle met également en oeuvre un programme gouvernance.

 

Contact: 

Aurélie GODET, Media Officer d’Oxfam en RCA
aurelie.godet@oxfam.org | (+236) 75 36 86 35

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