Diversifier les sources de revenus afin d'améliorer la sécurité alimentaire, l'autonomie et la cohésion sociale à Paoua
Une ménagère de Beokara, membre de l'union des producteurs de Paoua dans son champ de sésame/© Ousmane DRABO/Oxfam
Depuis 2018, avec l’appui financier du Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), Oxfam mène des projets multidimensionnels visant à soutenir la résilience des communautés. La sécurité alimentaire est l'une des composantes importantes, avec le WASH et la protection, des activités d’Oxfam à Paoua.
L'un des éléments clés de l’approche Oxfam à la sécurité alimentaire est de favoriser l'accès et la durabilité de différentes opportunités de revenus. Ceci est particulièrement crucial dans des contextes comme celui de Paoua et ses environs, où les mouvements forcés de population entraînent, entre autres, la perte des moyens de subsistance et augmentent les difficultés de nombreux ménages. En effet, la plupart de ces jeunes de la zone évoluaient dans l’agriculture mais avec la crise sécuritaire et l’impact du COVID-19 rendant difficile les fréquentations des champs et l’écoulement des produits, ils ont dû abandonner pendant un certain temps.
Pour soutenir les agriculteurs locaux, Oxfam a approché l’Union des Coopératives Agricoles de Paoua, qui regroupe 157 groupements en son sein, chacun autonome dans son fonctionnement, et des groupements d’agriculteurs dans les environs de la ville. Ils font la culture de haricot, de sésame, du sorgho, de manioc et du riz. Oxfam a octroyé des semences, des transferts monétaires et des bœufs de labour aux groupements et aux ménages les plus à risque dans la zone.
« Nous faisons de l’arachide et du sésame mais aussi le manioc. Parfois, on peut avoir 10 ou 15 sacs d’arachide par saison […] Lorsqu’on vend la totalité de ce qu’on a récolté, on distribue les bénéfices entre les membres et garde un peu pour le fonctionnement du groupement » explique Junior Fetanzapaya, Secrétaire du groupement Mina Oto.
En plus des profits financiers qu’ils tirent de ces activités agricoles, les produits tels que le manioc et le sorgho sont aussi utilisés dans l’alimentation des foyers.
« J’ai reçu des semences il y a deux ans de la part de Oxfam. Cela m’a permis de faire des champs de sésame et de haricot. Grâce aux revenus que j’ai eu, j’ai pu scolariser mes six enfants, les habiller et nourrir ma famille » se réjouit Janvier Koko Baille, Président du groupement Ndjanepo à Ziko, un village à environ 32 kilomètres de Paoua.
L'autre aspect essentiel est la réduction de la distance entre les services et la communauté, ce qui permet de relancer les marchés locaux, de réduire les risques de protection liés aux déplacements dans des zones à haute insécurité, et d'accroître l'accès aux services de base pour la population déplacée et retournée. Grace au financement du BMZ, Oxfam a facilité la construction des entrepôts ou les produits des groupements sont stockés et les marchés ou ils sont vendus.
« Avant la venue de Oxfam, on souffrait du manque d’entrepôt. Les produits pouvaient être volés ou vendus à vil prix, parce que n’étant en bon état de conservation. Oxfam nous a donc aidé avec cet entrepôt et nous a donné des kits de développement comme les chaines d’attelage, des semences, des charrues. Cela nous a permis d’augmenter notre production même si la difficulté majeure reste l’écoulement [vers le reste de la région, en raison de l'état des routes et de l'insécurité] » explique Jean Paul Ndopoye, Président de l’Union de Riziculteurs de Paoua.
Mais lorsque les marchés locaux sont incertains et l'insécurité répandue, la diversification des revenus est essentielle pour que les communautés puissent faire face et s'adapter aux chocs. C'est pourquoi, le projet a veillé à ce que les activités visant à améliorer la production agricole soient accompagnées d'un soutien à la création de nouvelles entreprises. Cent jeunes de la ville de Paoua, repartis dans des petits groupes, ont suivi des formations en entreprenariat et ont reçu des transferts monétaires pour démarrer leurs activités et disposer d’un capital pour l’investir dans leurs nouvelles entreprises.
« Lorsque nous avons reçu les 380 mille FCFA, notre groupe s’est lancé dans la vente de carburants. Cela marchait bien jusqu’à l’avènement de la pandémie de Covid-19 qui a limité les commandes du carburant depuis le Tchad parce que les frontières étaient fermées. On a donc décidé d’acheter un bœuf et faire des stocks d’arachides qu’on revend. On arrive à subvenir aux besoins de nos familles » précise Junior Yéro, Secrétaire d’un groupe des jeunes.
Une communauté résiliente, capable de faire face à différents chocs n'est pas seulement une communauté plus saine - où les revenus, la sécurité alimentaire et l'accès aux services sont améliorés - mais c'est aussi un environnement plus cohésif où les sources de conflit sont réduites et l'accès aux opportunités est plus égalitaire.
« Les jeunes n’avaient pas de travail. Ce qui amenait certains d'entre eux à voler [pour survivre]. Lorsqu’ils volaient, automatiquement, il y avait des réprimandes de la part des éleveurs et des personnes à qui appartiennent le bétail volé. Cela nous posait de vrais soucis de tranquillité. Mais grâce aux différentes interventions de Oxfam les jeunes sont aujourd’hui occupés dans les activités agricoles ou d’autres activités génératrices de revenus », témoigne le Chef du village de Ziko.