Marie Noudjougoto, présidente de groupement qui voit l’avenir des femmes de Paoua en rose !

« Si nous avons des bons moyens techniques de production et de transformation, des boutiques d’intrants agricoles à Paoua, on pourra augmenter nos revenus. On va créer, développer et faire prospérer la femme de Paoua. »
Marie Noudjougoto
FARDEP

Dans le cadre du Programme de relèvement des populations vulnérables affectées par le conflit dans la sous-préfecture de Paoua en République centrafricaine, Oxfam a accompagné la Fédération des Acteurs Ruraux pour le Développement Economique de Paoua (FARDEP) à travers plusieurs initiatives allant d’octroi de semences à l’alphabétisation en passant par les transferts monétaires. Ce projet est mené grâce à l’appui financier du Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ). Si FARDEP jouit d’une notoriété dans son travail à Paoua, c’est aussi en partie grâce à la vision et au dynamisme de sa présidente, Marie Noudjougoto.

Déjà habituée au travail de terrain avec les femmes, Mme Noudjougoto a vu et expérimenté comment la crise a impacté les conditions de vie de la population de sa ville, surtout les femmes qui paient le plus lourd tribut des violences. Face à ces difficultés, elle réfléchit sur les voies et moyens pour assoir et développer une solidarité et une entraide entre les femmes $ engagées dans l’agriculture. « Petit à petit, j’ai partagé mes idées avec elles (les femmes de Paoua) pour leur montrer que nous devons chercher des mécanismes de notre autonomie » explique-t-elle.

« Femmes de Paoua, mettons-nous au travail pour assurer l’avenir de nos enfants ! »

En 2013, suite à une escalade de la violence liée à la guerre civile, elle décide de réunir les femmes de Paoua dans le groupement FARDEP, dont ses missions essentielles sont la production, la transformation et la vente des produits agricoles dans le but de favoriser l'indépendance économique et la résilience des femmes de la communauté.

Aujourd’hui, l’association a grandi et ses 150 membres, produisent et commercialisent divers produits tels que le sorgho, l’huile de karité, le maïs, le riz, les arachides. Tout n’a pas été rose au début, avoue la présidente de FARDEP. « Quand on a commencé, jusqu’à 2017 il n’y avait pas d’endroits pour stocker les tonnes de produits de femmes et cela impactait les prix puisqu’il fallait vendre vite pour éviter que ces produits périment. » Ce nest pas tout. Mme Noudjougoto ajoute aussi que les femmes membres du groupement ne savaient lire ou écrire, ce qui compliquait la comptabilité et leurs rendements agricoles. Pire, le manque de débouchés et de marchés locaux performants conduisait certaines femmes à parcourir de vingtaines de kilomètres pour aller vendre ailleurs. Conséquences : certaines sont braquées et dépouillées de tous leurs avoirs. Il fallait donc trouver une solution pour atténuer ces difficultés. « Lintervention de Oxfam a été une bouffée d’oxygène pour nous », affirme-t-elle.

Un coup d’accélérateur de Oxfam dans les activités du FARDEP

A travers une approche holistique, Oxfam a intervenu sur trois piliers essentiels : lalphabétisation, la distribution des semences, la construction d’entrepôts et des transferts monétaires pour développer des activités génératrices de revenus (AGR).

Chaque membre du groupement a reçu des transferts monétaires de 75 000 FCFA et des semences pour mener des AGR. A la fin de la saison, les membres rassemblent les récoltes pour évaluer le volume de la production.

Selon Mme Noudjougoto cette année, 30 tonnes de maïs et de riz sont attendues, très au-dessus du chiffre de l’année dernière qui était 15 tonnes. L’appui du BMZ a aussi permis de construire un bâtiment qui sert d’entrepôt et de salle de classe pour le groupement FARDEP. A chaque campagne agricole, les produits destinés à la vente sont stockés dans l’entrepôt avant écoulement.

« Avant ce nouveau système de stockage, le prix du bol d’arachide était de 1 250 FCFA [en raison de la faible qualité]. Il est désormais vendu à 2 300 FCFA en raison du bon état continu des produits agricoles » précise Mme Noudjougoto.

Les bénéfices générés de ces activités agricoles sont utilisés pour les dépenses courantes des membres et leurs familles, pour exemple la scolarisation des enfants, ou la santé et initier des tontines améliorées, c’est-à-dire que les membres du groupement se cotisent par semaine et c’est le cumul de cet argent qui revient à la personne qui a un besoin pressant (pas forcément à tour de rôle).

Le centre multifonction construit par Oxfam à Paoua sert de cadre pour mener des séances d’alphabétisation qui durent 6 mois, en deux fois dans l’année : première promotion d’octobre à mars et deuxième promotion de mai à septembre. Les femmes de l’association y apprennent comment calculer et comment écrire en sango.  En termes de résilience et d'indépendance, l'impact de l'alphabétisation est vraiment considérable, car elle donne aux femmes les moyens de gérer efficacement leurs entreprises, mais aussi de jouer des rôles clés dans la société.

Mme Noudjougoto NOUDJOUGOTO croit en un avenir meilleur pour la population centrafricaine et elle est engagée à soutenir les femmes de Paoua dans leurs efforts pour une vie meilleure : « Si nous avons des bons moyens techniques de production et de transformation, des boutiques d’intrants agricoles à Paoua, on pourra augmenter nos revenus. On va créer, développer et faire prospérer la femme de Paoua. »