« Les bénéfices aident directement les orphelins du quartier »

Plusieurs membres du groupement de petit commerce 'Be Oko' mettent du manioc à sécher au soleil, dans le 5è arrondissement de Bangui. © Aurélie Godet/Oxfam

26 mars 2019 - Plusieurs membres du groupement de petit commerce 'Be Oko' mettent du manioc à sécher au soleil, dans le 5è arrondissement de Bangui. © Aurélie Godet/Oxfam

Liziana NANAFAÏ, Présidente du groupement de petit commerce « Be Oko » (cœur uni, en français):

« L’association a été fondée le 18 février 2018, dans le 5ème arrondissement de Bangui.

Nous sommes 18 membres, et les femmes sont en large majorité ! Il y en 15, pour 3 hommes.

Nous espérons nous agrandir très prochainement pour élargir notre petit commerce. Nous vendons surtout de la viande boucanée (fumée). On commence à se diversifier avec l’achat et la revente de manioc et d’huile de palme.

La viande est achetée au niveau de la frontière avec le Tchad. Dans le nord du pays, un morceau de bœuf coûte entre 3 500 et 5 000 francs (entre 5 et 8 euros). Puis il est vendu environ 7 000 francs (11 euros) sur le marché à Bangui.

Mais traverser le pays n’est pas sans risque ! Lors de notre premier convoi, une attaque d'individus armés nous a fait perdre 500 000 francs (762 euros) de viande... Un coup dur pour l’association.

Heureusement, le commerce fonctionne bien. La viande part vite sur le marché. Avec les bénéfices retirés de la vente, nous avons même pu investir dans deux pousse-pousse. Leur prix initial s’élevait à 12 000 francs (18 euros). Nous les louons et ils nous rapportent 7 000francs (11 euros) par semaine.

Nous essayons au maximum de faire profiter la communauté de notre activité. Les pousse-pousse permettent de transporter des marchandises ou des bagages. Surtout, les bénéfices aident directement les orphelins du quartier : nous payons leur scolarité et leurs vêtements.

Avant ce projet, la plupart d’entre nous étions sans activité. Maintenant que nous avons pris goût au travail, nous aimerions continuer à nous former professionnellement. Beaucoup de femmes du groupement souhaitent apprendre la couture. »

« Je suis heureuse d’avoir participé à ce projet. J’ai appris la fraternité communautaire et j’ai mis de côté la vengeance et la violence qui dictaient la vie du quartier », Marlène Cécile NGARO, membre de « Be Oko ».

« Merci de m’avoir donné le goût du vivre ensemble ! Je suis maintenant autonome, et surtout je suis plus ouverte d’esprit », Chantal BOLENGA, membre de « Be Oko ».

Le projet 3x6 d’Oxfam

19 petits commerces employant près de 300 individus ont été créés en Centrafrique, avec le projet 3X6 d’Oxfam.

L’approche« 3X6 » est dénommée ainsi car elle se déroule en 3phases : l’épargne de capital renforcée par la promotion des emplois temporaires, la structuration des groupements et leur mise en oeuvre. Elles sont ensuite réparties chacune en 6 moments-clés, incluant par exemple de la sensibilisation, mais aussi de l’aide pour accéder au crédit et créer de l’emploi durable.

Elle s’est donnée comme double objectif d’appuyer la relance économique du pays, tout en offrant des opportunités à ceux le plus à risque d’être recrutés par des groupes armés.

Dans un pays qui subit encore les séquelles de la rébellion de 2013, ce modèle est un véritable succès. Il est considéré comme un réel levier socioéconomique et est très apprécié par la communauté.

Il a été financé par le gouvernement japonais et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

En savoir plus : Oxfam crée 19 commerces en Centrafrique avec son projet 3x6

Publié le 08/10/2019.