« Il a voulu me marier de force ! J’ai refusé »

14 octobre 2019 – Nadine*, 43 ans, participe à un cours de calcul lors d’une séance d’alphabétisation au Foyer féminin de Bria, dans le centre de la RCA. © Aurélie Godet / Oxfam RCA

14 octobre 2019 – Nadine*, 43 ans, participe à un cours de calcul lors d’une séance d’alphabétisation au Foyer féminin de Bria, dans le centre de la RCA. © Aurélie Godet / Oxfam RCA

Trois fois par semaine, Nadine*, 43 ans, se rend au Foyer féminin de Bria pour suivre des séances d’alphabétisation. Elle fait partie des 100 personnes survivantes d’incidents de protection qui participent à ce programme Oxfam de trois mois, à l’issue duquel elle recevra un kit et une formation pour lancer un petit commerce. Elle raconte.

« Mon mari est mort du paludisme en février dernier. Je me suis retrouvée veuve avec huit enfants, et mon dernier n’a que trois ans.

Mais la tradition autorise un homme de la belle-famille à épouser la femme du mari décédé. Alors un jour, un des frères de mon défunt époux est venu se présenter à la maison. Il a voulu me marier de force ! J’ai refusé. Il est revenu une seconde fois pour me chasser de la maison. J’ai refusé. Puis il s’est introduit une troisième fois, de nuit. Il m’a torturée.

Je me suis rendue à l’hôpital. Puis Oxfam m’a proposé de participer à ces séances d’alphabétisation.

Je ne suis jamais allée à l’école. J’ai passé mon enfance à travailler aux champs ou aider ma mère à la maison. Aujourd’hui j’espère avoir un minimum de connaissances, et pouvoir par exemple enfin utiliser un téléphone portable à mon âge. »

Nadine et les autres bénéficiaires de ce programme d’alphabétisation sont loin d’être les seuls touchés par les violences en RCA. Dans ce pays de 4,9 millions d’habitants qui a basculé dans la violence en 2013, les civils paient le prix fort. Un incident de violence basée sur le genre est reporté toutes les 60 minutes, et 92% des victimes sont des femmes ou des filles.

C’est un programme Oxfam en partenariat avec l’Association des Femmes Leaders de Bria. Il est financé par le Fonds Humanitaire et est réparti dans trois centres d’alphabétisation de Bria, dont un sur le site des déplacés de PK3. Face à l’importance des besoins, Oxfam appelle la communauté internationale et les bailleurs à poursuivre leurs efforts et financer d’urgence la réponse humanitaire en RCA.

* Le nom a été changé dans le texte

Publié le 05/12/2019.