Bria Londo : d’un comité de paix à une ONG locale influente

Dans la ville de Bria, au cœur de la Haute-Kotto situé à 580 km au nord-est de la capitale Bangui, une organisation locale s’est progressivement imposée comme un acteur incontournable de la cohésion sociale et de la protection communautaire. Il s’agit de Bria Londo, créée en 2018 et dirigée par Matar Chaïb, un homme engagé et visionnaire. 

 Bria Londo : d’un comité de paix à une ONG locale influente

A ses origines, Bria Londo n’était pas encore une ONG structurée, mais un comité de paix, créé dans un contexte marqué par la peur quotidienne et la présence des groupes armés.

« Nous avions commencé en mettant en place un comité de paix. Notre mission était de faire des médiations et de travailler pour la cohésion sociale entre les communautés lorsqu’il y avait des conflits et mésententes », raconte Matar.

Sans financement extérieur, les membres utilisaient leurs fonds propres pour agir. « Nous travaillions sur la base de nos cotisations, parfois 100 000 à 200 000 francs CFA, uniquement pour acheter du carburant et nous déplacer pour sensibiliser la communauté », se souvient-il.

Malgré ces limites, l’action du comité était vitale, ces actions courageuses ont forgé leur réputation, mais les limites financières étaient claires « Il m’est arrivé de couper ma propre nourriture pour financer une mission urgente », confie le directeur.

Avant Oxfam, Bria Londo avait collaboré avec l’ONG américaine Invisible Children, spécialisée dans la réunification des enfants soldats. Cette première expérience a jeté les bases d’un engagement humanitaire solide.

  L’APPUI D’OXFAM

En 2021, Oxfam a identifié Bria Londo parmi les organisations locales actives à Bria et l’a retenue comme partenaire stratégique « Oxfam a vu comment nous étions efficaces, surtout sur les médiations et la protection. C’est ainsi qu’Oxfam nous a choisis et à procédé à plusieurs formations qu’elles soient techniques ou opérationnelles », témoigne Matar.

Renforcement de capacités et accompagnements ;

Élaboration des procédures internes (finances, logistique, programme), planifications, rédaction des rapports (hebdomadaires, mensuels et annuels) ;

Appuis financiers : un financement global estimé entre 250 et 300 millions de FCFA, avec des coûts indirects et un fonds de localisation permettant de recruter du personnel qualifié ;

Outils de travail : équipements, logistique et appui technique ;

Mise en œuvre de projets : actions dans la protection, la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), le WASH et la sécurité alimentaire ect……

Grâce à l’appui d’Oxfam, Bria Londo est passée d’un comité improvisé à une ONG structurée, respectée et active sur plusieurs fronts.

« Nous avons recruté une trentaine de personnels, dont certains très qualifiés. C’est une grande différence par rapport au début où nous étions seuls, sans ressources ni compétences spécialisées », raconte Matar.

Sur le terrain, l’impact est concret :

Distributions de kits d’hygiène et de dignité dans les communautés ;

Sensibilisations sur les bonnes pratiques d’hygiène ;

Interventions sur la sécurité alimentaire et la protection communautaire.

« Avec le projet du Fonds Humanitaire FH et The Swedish International Development Cooperation Agency ASDI, nous avons pu distribuer des kits d’hygiène et soutenir directement la population de Bria et Yalinga en 2023-2024. Ce sont des choses qui étaient impossibles pour nous avant », explique-t-il.

Au-delà des chiffres, c’est la confiance qui a changé. « Au début, certains membres de l’équipe doutaient de moi, pensant que je n’arriverais pas à faire grandir l’organisation. Aujourd’hui, tout le monde reconnaît que nous avons avancé et que nous avons des résultats concrets », ajoute-t-il avec un sourire.

En quelques années, Bria Londo est devenue une organisation locale solide et influente, grâce à la détermination de ses fondateurs et au partenariat stratégique avec Oxfam.

« Oxfam a été la première organisation à croire en nous et à nous donner les moyens nécessaires de travailler dignement. Aujourd’hui, même sans eux, nous savons que nous pouvons continuer et avancer et à gagner de projets. Nous aspirons à devenir une ONG Internationale comme beaucoup d’ONG nationale avec des projet de long durée, 3, 5 ans voir plus », conclut Matar Chaïb.

L’histoire de Bria Londo illustre parfaitement la manière dont l’appui d’Oxfam à la société civile locale renforce la résilience des communautés et crée des réponses durables face aux crises humanitaires en République centrafricaine.