« Avant on collectait l’argent, mais on ne savait pas comment bien le gérer »
17 septembre 2019 – Les 25 femmes d’un groupement d’Epargne pour le changement se réunissent chaque semaine pour épargner et se prêter de l’argent mutuellement, au sud de Paoua, dans le nord-ouest de la RCA. © Aurélie Godet/Oxfam
Depuis février 2019, le groupement « Ziranone* » se réunit chaque semaine à Bozoy 1, à 5 km au sud de Paoua. Les vingt-cinq femmes qui en sont membres épargnent ensemble et se prêtent de l’argent mutuellement. Elles ont suivi une formation Oxfam de microfinance, « Epargne pour le changement » (EPC).
Lors de la réunion, l’une d’elle, Djoumaï OUMAROU, 35 ans, prend la parole pour expliquer le fonctionnement de leur groupement :
« Avant qu’Oxfam nous réunisse en groupement EPC, nous étions déjà un groupe de tontine. On collectait l’argent, mais on ne savait pas comment bien le gérer. Nous l’utilisions seulement pour acheter de la nourriture.
Puis en début d’année, nous avons suivi des formations en gestion de l’argent : comment investir et faire des bénéfices. Nous nous réunissons désormais une fois par semaine et chaque membre donne 100F (soit 0,15€). Aujourd’hui, il y a 150 000F (229€) dans notre caisse !
Nous utilisons notre épargne pour faire des crédits qui seront remboursés avec des petits intérêts. Ça permet de s’entraider et de financer nos activités. Par exemple, j’ai récemment emprunté 25 000F (38€). Je dois rembourser 30 000F (46€) au groupe. Avec cet argent, j’ai pu louer une paire de bœufs pour labourer mon champ d’arachides et acheter un cabri.
17 septembre 2019 – Djoumaï OUMAROU, 35 ans, a acheté un cabri en prenant un crédit auprès de son groupement d’Epargne pour le changement, au sud de Paoua, dans le nord-ouest de la RCA. © Aurélie Godet/Oxfam RCA
Avec la vente de l’arachide, j’espère pouvoir bien nourrir mes cinq enfants. Car ce n’est pas toujours facile. Pendant la saison des pluies, je ne vends pas suffisamment car les gens n’ont pas encore gagné l’argent de leurs récoltes. Puis pendant la saison sèche (de mai à septembre environ), c’est la transhumance et je ne me sens pas toujours en sécurité. Il y a beaucoup d’agressions, de viols. Parfois, j’ai trop peur d’aller au champ et je préfère sauter des repas…
Début 2018, lorsque des groupes armés s’affrontaient aux alentours de Paoua, j’avais même préféré quitter ma maison pour me réfugier dans la ville avec mes enfants. Nous mangions peu.
Aujourd’hui, je me sens quand même en sécurité. J’aimerais suivre de nouvelles formations, et surtout avoir mes propres bœufs pour labourer mon champ ! »
* L’amour hypocrite, en langue locale.
Un projet financé par SIDA.
En savoir plus : Paoua : Le grenier de la RCA se reconstruit peu à peu
Publié le 23/10/2019.