Les femmes de RCA se lèvent à l’Union africaine

I Londo Awè* ! Déterminées à faire entendre leur voix sur la scène internationale, trois activistes centrafricaines de cette plateforme féministe se sont rendues à Addis-Abeba du 3 au 5 février 2020. Elles ont pris part à la GIMAC (Le Genre est Mon Agenda), rencontre en prélude du sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine, afin de réclamer une Commission Vérité Justice Réparation et Réconciliation paritaire.

De retour à Bangui, elles racontent.

« Je suis contente, c’est la première fois que je participe à un pré-sommet de l’Union africaine ! », s’exclame Eva Don-Ding, membre d’I Londo Awè et assistante du programme genre et plaidoyer au sein de l’organisation URU.

A 33 ans, cette jeune femme n’avait quitté son pays qu’une fois auparavant, dans de bien plus tragiques circonstances, pour se réfugier dans le Congo-Brazzaville voisin lors des événements de 2013.

Achta Abakar, qui fait également partie du voyage, ajoute : « Pour moi, c’était même la première fois de ma vie que je prenais un avion ! ». Confiante, cette militante de 29 ans a quitté son quartier PK5 pendant quelques jours, le temps d’une pause intense de plaidoyer en Ethiopie.

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31 janvier 2020 – Déterminées à faire entendre la voix des femmes, Achta, Marina et Eva (de gauche à droite) d’I Londo Awè quittent Bangui et s’apprêtent à décoller pour Addis-Abeba. Pour l’une d’entre elles, c’est une première fois en avion. Aurélie Godet / Oxfam RCA

« Les femmes, qui sont les principales victimes, sont toujours exclues »

Pour Marina Moulou-Gnatho, la troisième activiste du groupe, « il est primordial que la Centrafrique participe à la GIMAC. »

« L’Etat ne contrôle qu’une petite partie du territoire, et les femmes sont les principales victimes des conflits. Il faut faire entendre notre voix et aider les femmes à retrouver la place qui leur est due dans la société ! », poursuit-elle.

Résolue à faire bouger les lignes, cette jeune journaliste (RJDH) de 29 ans mène la troupe. Et n’hésite pas à prendre la parole lors des sessions plénières thématiques du pré-sommet de l’UA.

« Même dans les instances de prise de décisions, les femmes, qui sont les principales victimes, sont toujours exclues. Même l’applicabilité des textes de lois qui concernent la parité n’est pas respecté dans notre pays.

Qu’allons-nous faire ?

Est-ce que nos sœurs, des autres pays, qui ont eu le courage d’avancer, peuvent partager leurs expériences ?

Comment est-ce que nous, nous allons faire pour pousser aussi nos décideurs à prendre en compte la parité du genre notre pays ? Merci. »

https://twitter.com/Oxfam/status/1225110884114145280

Fière et émue, elle glisse « je crois que ma réaction a fait le tour du monde… Même mes proches ont republié la vidéo sur les réseaux sociaux ! ».

« Elles ont mon soutien sans équivoque à leur demande légitime de parité entre les sexes »

Dans le cadre de leur campagne de plaidoyer, les trois activistes d’I Londo Awè ont aussi rencontré et obtenu l’appui de Mme Bineta Diop, envoyée spéciale de l’UA pour les femmes, la paix et la sécurité, et de M. Smail Chergui, Commissaire à la paix et la sécurité de l’UA, qui a montré un engagement fort sur son compte Tweeter :

« Ravi de recevoir un groupe de jeunes #femmes représentant les OSC en République centrafricaine (#CAR). Elles ont mon soutien sans équivoque à leur demande légitime de #parité entre les sexes dans la composition de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation en #Centrafrique. »

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Des rencontres qu’Achta n’hésite pas à qualifier « d’inoubliables ».

« Je n’avais jamais imaginé pouvoir être reçue un jour par des hauts responsables de l’Union africaine, ni même être un jour au siège de l’UA ! », confie la jeune femme, elle-même touchée directement par les conflits, qui consacre désormais son quotidien à aider des femmes victimes de violences à lancer leurs petits commerces (OMICA).

« Ma rencontre avec Bineta Diop est comme une bouffée d’oxygène »

https://twitter.com/ILondoAwe/status/1224694838609829896

« Ma rencontre avec Bineta Diop est comme une bouffée d’oxygène », renchérit Marina, qui poursuit : « cela me pousse à mieux faire encore pour que cessent les mauvaises pratiques à l’encontre des femmes ».

Pour Eva, ce pré-sommet GIMAC aura surtout été l’occasion de rencontrer « des femmes venues de toute l’Afrique, avec qui nous avons échangé des idées et partager des expériences ».

Mais leur combat est loin d’être terminé. « Aujourd’hui, je me sens plus déterminée que jamais pour aider mes sœurs, me battre pour mes sœurs !, martèle Marina, Car sans les femmes, il n’y aura pas de paix durable en RCA. »

* Nous sommes déjà debout, en sango

Avec le soutien d’Oxfam.

I Londo Awè, ce sont dix femmes leaders de la société civile centrafricaine qui se lèvent pour réclamer une pleine implication des femmes dans le processus de paix de leur pays, et plus précisément au sein de la future CVJRR – dont le projet de loi est actuellement examiné à l’Assemblée nationale.

Plus d’informations sur leur campagne ici : Les femmes se mobilisent pour la paix en RCA

Leurs derniers communiqués de presse sont téléchargeables sur cette page. 

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